François d’Assise, le saint de la joie

François d’Assise est probablement un des saints les plus connus, même en dehors de la foi chrétienne. Maintenant qu’un pape porte son nom, il a acquis le peu de notoriété qui lui manquait encore ! On dit de lui que c’est l’homme qui ressemblait le plus à Jésus ; et on le représente portant des stigmates aux mains et aux pieds. Mais pourquoi donc ?  (vous remarquerez que j’ai choisi comme illustration une image de François sans stigmates, ce qui tend à prouver qu’elle a été peinte de son vivant, avant qu’il reçoive lesdits stigmates).

Le jeune homme riche

Au départ, François n’a pas tous les atouts de son côté pour être saint : il est le fils d’un marchand de tissus qui a bien réussi, le roi de la jeunesse dorée d’Assise, le gars à qui tout sourit. Bref, c’est un fils à papa bien sous tous rapports, teint bronzé et dents blanches, qui fait régulièrement la une du Paris Match de l’époque. Il ne manque plus à sa gloire que d’être adoubé chevalier, lui le bourgeois, pour obtenir un titre de noblesse. Mais alors qu’il était en route pour la guerre, il fait un rêve qui le pousse à rebrousser chemin. À partir de ce moment, François n’est plus que l’ombre de lui-même, et au lieu des tavernes bruyantes d’Assise, il se met à fréquenter les églises et les lieux déserts. C’est ainsi qu’un jour qu’il était en train de prier dans l’église délabrée de San Damiano, l’immense crucifix pendu au mur se met à lui parler, et lui dit : « Va, François, répare mon église, qui, tu le vois, tombe en ruine. » Et François, dans sa simplicité, vend les tissus de son père pour acheter des pierres et met la main à la truelle !

François, c’est le jeune homme riche de l’évangile (Mt 19) qui aurait dit oui. Dans l’évangile, un jeune homme demande à Jésus ce qu’il doit faire de plus pour avoir la vie éternelle, puisqu’il a déjà observé les commandements ; et Jésus lui répond : « Va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres ; puis viens et suis-moi. » Et le jeune homme repart tout triste, parce que précisément, il est riche, et qu’il est difficile de tout donner quand on a beaucoup.

Nu devant son évêque

François, lui, dit oui et donne tout ; et quand je dis tout, c’est vraiment tout : non seulement son argent, mais aussi celui de son père, qui voit la chose d’un très mauvais œil. D’autant plus que, non content d’utiliser l’argent de son père, il s’est mis à mendier dans les rues d’Assise. La honte ! Son père lui fait un procès, non pas au tribunal, mais devant l’évêque, puisque François s’est mis sous sa protection. Là, François fait un coup d’éclat : puisque son père le déshérite et réclame tout ce qui vient de lui, il se déshabille complètement et lui rend même ses habits en disant : « Désormais, je ne dirai plus ‘mon père Pierre Bernardone’, mais ‘mon Père qui est aux cieux’ ! » Et, a contrario du jeune homme de l’évangile, il repart tout joyeux …

Sous le soleil ou sous la pluie, priant seul dans son ermitage ou prêchant sur les places, parcourant les routes d’Italie, et même plus loin, jusqu’en Égypte où il tente de convertir le sultan du lieu, le maître mot de toute sa vie sera la joie, la joie parfaite. Cette joie n’a rien à voir avec le bonheur ou le plaisir, elle vient de ce qu’ayant tout donné, et soi-même en prime, on peut alors tout recevoir de Dieu. Cette joie-là, personne ne peut l’enlever. François a tellement tout donné qu’on l’appelle el poverello, le petit pauvre. Même lorsqu’il doit abandonner la direction de son ordre sous la pression de certains frères, même lorsque sa santé le lâche et qu’il devient presque aveugle, même lorsque son chemin à la suite du Christ lui obtient de recevoir les stigmates de son Sauveur, la joie est là.

François meurt à l’âge de 44 ans, au soir du 3 octobre 1226, après les vêpres (c’est pourquoi sa fête est célébrée le lendemain 4 octobre) ; auparavant, il avait demandé à ses frères de le déshabiller et de le coucher à même le sol, afin de mourir comme il avait vécu, pauvre et nu sur la terre nue. Outre la règle des Frères mineurs et quelques écrits, il laisse son célèbre Cantique des créatures, considéré comme la première œuvre en italien moderne. C’est ce cantique, et le fait qu’il prêchait aux oiseaux et s’émerveillait de la beauté de la nature, qui a fait de lui le saint patron des écologistes …

Image de titre : Saint François, fresque au Sacro Speco (Subiaco)

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