Qu’y a-t-il dans la Bible ?

Dans l’article précédent, nous avons dépoussiéré un peu ce gros bouquin qu’est la Bible. Maintenant, prenons notre courage à deux mains et ouvrons-le. Que voyons-nous de nos yeux éblouis ? Et bien d’abord qu’il y a deux grandes parties de longueurs inégales : l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. L’Ancien Testament est LE livre de référence des juifs, mais aussi des chrétiens. Le Nouveau n’est reconnu comme « Parole de Dieu » que par les seuls chrétiens.

L’Ancien Testament :

Il compte 46 livres dans sa version catholique (39 chez les protestants). La plupart ont été écrits en hébreu avec quelques passages en araméen. Quand ont-ils été écrits ? On peut supposer que le travail de rédaction des plus anciens livres a dû commencer au moment de l’institution de la monarchie, qui reste dans toutes les cultures du Proche Orient ancien le moment le plus favorable à l’apparition d’archives de toutes sortes (pour des raisons de stabilité et de coût). Ce qui correspond à l’avènement du règne de Salomon, le premier vraiment stable, au IXe siècle avant notre ère. À la fin du IIIe siècle av. J-C, le grec étant devenu la langue « internationale » (comme l’anglais aujourd’hui), il devint urgent et nécessaire de traduire les textes dans cette langue, du fait de la diaspora (la dispersion) des Juifs un peu partout dans le bassin méditerranéen. C’est de cette époque que date la traduction dite de la Septante, car elle a été faite par 72 traducteurs différents qui, ô miracle, auraient produit 72 traductions identiques !

Cette traduction comporte les livres suivants (accrochez-vous, c’est indigeste ; mais rassurez-vous, vous n’êtes pas obligés de les apprendre par cœur) :

  • Le Pentateuque (Torah ou Loi) : Genèse (Bereshit), Exode (Shemot), Lévitique (Vayiqra), Nombres (Bamidbar) et Deutéronome (Devarim)
  • Les livres prophétiques (Nevi’im ou Prophètes) :
    • Les livres historiques (Prophètes antérieurs) : Josué, Juges, Samuel I et II, Rois I et II
    • Les prophètes (Prophètes postérieurs) : Isaïe, Jérémie et Ézéchiel
    • Les douze petits prophètes ou XII : Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie
  • Les autres écrits (Ketouvim) :
    • Les livres poétiques : Psaumes, Proverbes, Job
    • Les cinq rouleaux : Cantique des Cantiques, Ruth, Lamentations, Ecclésiaste, Esther
    • Prophétie : Daniel
    • Histoire : Esdras, Néhémie, Chroniques I et II.

À cette époque, on est donc en possession d’un premier canon (du grec qui signifie règle) d’un corpus de textes ayant déjà une certaine unité. C’est la Bible hébraïque.

Les trois siècles suivants verront apparaître quelques textes écrits peu ou prou directement en grec et qui ne sont pas reconnus par le canon juif, mais font partie des Bibles chrétiennes et notamment catholiques. Ces livres sont dits deutérocanoniques (d’un deuxième canon) et sont au nombre de sept :

  • Les Livres historiques : Tobit, Judith, Maccabées I et II (qu’on appelle aujourd’hui « Livre des Martyrs d’Israël »)
  • Les « Hagiographes » : Sagesse de Salomon, Siracide
  • Les Prophètes : Baruch
Le Nouveau Testament :

Il ne compte que 27 livres. Si le Christ lui-même parlait et enseignait en araméen (et on peut supposer que les premières traditions orales furent dans cette langue), tous les écrits du NT ont été rédigés en grec. Historiquement, les premiers écrits sont ceux de Paul (en particulier la 1ère lettre aux Thessaloniciens, écrite vers 48, soit moins de 20 ans après la mort-résurrection du Christ), même s’il devait exister des hymnes, recueils de paroles, credo servant à la liturgie et qui ont par la suite été intégrés soit dans les évangiles, soit dans les lettres de Paul (lui-même en cite plusieurs). Le but de ses lettres étaient d’édifier, de clarifier la foi, de recadrer parfois (voir la très stimulante Lettre aux Galates), d’encourager les frères persécutés, de les exhorter à tenir bon en attendant le retour du Christ, que l’on pensait tout proche. Las ! Comme on le sait, il n’est toujours pas revenu (mais ça viendra !), et la nécessité de fixer par écrit ses paroles se fit sentir. Alors seulement apparurent les évangiles, dont la composition définitive mit une bonne décennie pour ceux de Marc, Matthieu et Luc (entre 70 et 80) ; celui de Jean est plus tardif (vers 100).

Le canon définitif a été fixé en 382 lors du concile de Rome :

  • les évangiles : Matthieu, Marc, Luc, Jean
  • les Actes des Apôtres (attribués à Luc)
  • les lettres :
    • les 13 épîtres de Paul (ou un de ses disciples) : Romains, Corinthiens I et II, Galates, Éphésiens, Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens I et II, Timothée I et II, Tite, Philémon
    • la lettre aux Hébreux (longtemps attribuée à Paul)
    • les épîtres catholiques attribuées à d’autres disciples : Pierre, I et II Jacques, Jean I, II et III, et Jude
  • l’Apocalypse.

Si le canon ne changera pas pour les catholiques, Luther retranchera certains textes, notamment l’épître de Jacques (qui met en balance la foi et les œuvres).

Dans quel ordre ?

Comme si tout ça était trop simple, l’ordre des livres varie d’une traduction à l’autre. Si toutes les Bibles commencent par le Pentateuque et les livres historiques, à l’image de la Bible hébraïque, ça se complique par la suite. En fait, le seul critère de classement qui n’est pas utilisé, c’est la chronologie, qui d’ailleurs ne serait pas certaine puisque dans ce domaine, on en est toujours aux suppositions. En général, les livres sont regroupés par type (prophète, sagesse, etc.), mais d’autres critères rentrent en ligne de compte : l’auteur, l’époque décrite par la narration, la longueur du texte … On ne peut exclure évidemment la volonté de se démarquer des autres (en particulier dans l’opposition catholiques/protestants) ni, pour les traductions plus récentes, des caprices d’éditeurs. Mais l’important, c’est que cet ordre ait un sens ; terminer l’Ancien Testament par les prophètes qui annoncent la venue du Messie racontée dans le Nouveau, ce n’est pas anodin.

Pour le Nouveau Testament, tout le monde se réconcilie : l’ordre n’est toujours pas chronologique (pour la même raison), mais il est immuable. Pour les évangiles : Matthieu (celui qui fait le plus référence à l’Ancien Testament), Marc (le plus court), Luc (qui écrit pour les païens) et Jean (qui ne ressemble pas du tout aux 3 autres). Pour les lettres, c’est simple : d’abord par auteur, ensuite par longueur de texte (les plus longs en premier). Et on termine par l’Apocalypse et surtout sa dernière phrase : « Viens, Seigneur Jésus ! »

Une dernière précision : tous les livres de l’Ancien comme du Nouveau Testament sont divisés en chapitres, eux-mêmes subdivisés en versets, selon un système universellement admis, quelles que soient les langues et les confessions. Ce système est plutôt arbitraire et ne doit pas être utilisé pour déterminer une unité de sens ou justifier un changement dans le récit (même si, de fait, il coïncide parfois). Il est simplement pratique et universel.

Image de titre par Tep Ro de Pixabay 

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