« Jésus ne mangea rien durant quarante jours, et quand ce temps fut écoulé, il eut faim »
De quelle faim s’agit-il,
pour que quarante jours soient nécessaires pour l’atteindre ?
Est-ce que j’ai faim de pain,
– ou de pommes, ou de chocolat –
d’une nourriture solide qui remplit l’estomac
et apaise les tiraillements de mon corps ?
Est-ce que j’ai faim des plaisirs de la vie ?
Non, certainement,
ma faim n’est pas de ce pain-là.
Est-ce que j’ai faim d’honneur et de gloire,
ou de reconnaissance,
ou d’être simplement, modestement,
une « bonne chrétienne »,
dont je pourrais encore tirer orgueil ?
– on trouve sa gloire où on peut –
Non, certainement,
ma faim n’est pas de cette gloire-là.
Est-ce que j’ai faim de Dieu,
d’un Dieu à mon service,
qui me porterait sur ses mains
d’un Dieu à mon image
qui correspond à mes désirs ?
Non, certainement,
ma faim n’est pas de ce Dieu-là.
Alors, quelle est ma faim ?
Quarante jours dans le désert,
Quarante jours dans le silence,
pour découvrir au fond de moi
ma faim profonde,
ma faim vitale,
la faim d’un pain vivant
qui ne se tarit pas,
la faim d’une dignité
qui ne vient pas de moi,
la faim d’un Dieu Tout Autre
que je ne peux tenir.
Quelle est ma faim ?
Élisée, 2010
Image © S. Giner