Le rite de conclusion : le temps de l’envoi

Nous voici arrivés à la fin de la célébration de la messe ; nous avons fait corps, nous avons écouté la Parole, nous avons communié au Corps du Christ, nous avons accueilli en nous sa Présence. Dans le silence, nous avons laissé monter vers Dieu notre reconnaissance pour tant d’amour offert. Il nous faut maintenant « redescendre » sur terre pour revenir dans le monde.

Un retour progressif

Le rite de conclusion est étonnamment bref, par rapport au reste de la messe : la redescente est brutale. C’est sans doute pourquoi certains ont tendance à rallonger ce moment : annonces, présentation des enfants qui seront baptisés après la messe, etc. Ce dernier point est important : normalement le baptême devrait avoir lieu pendant la messe, puisque ce sacrement fait entrer de facto le nouveau baptisé dans la communauté ecclésiale. Pour des raisons pratiques (qui tiennent souvent au fait que la famille n’est pas pratiquante), on peut célébrer le baptême après la messe, et dans ce cas, il est bon que la première partie du rite, l’accueil, ait lieu pendant la messe, alors que l’assemblée est présente et témoin.

Il arrive parfois, et même assez souvent, que les annonces soient faites pendant le temps de silence après la communion, avant la prière : c’est pratique, les gens sont assis et écoutent sans rien dire, on peut se lâcher. Le problème, c’est que la prière après la communion arrive du coup comme un cheveu sur la soupe et qu’on ne sait plus à quoi elle se réfère.

Quelques annonces …

Rappelons aussi que les annonces, auxquelles nous sommes si bien habitués, ne sont absolument pas obligatoires : « si elles sont nécessaires » précise la PGMR. En principe, elles devraient se réduire aux éventuels changements d’horaires, messes d’obligation, etc. Le CSM, Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage ordinaire des paroisses, le dit avec humour : « Il n’est pas sûr qu’il convienne de surcharger systématiquement la fin de la Messe d’une sorte de pause publicitaire où est présentée chaque semaine toute la gamme des activités paroissiales ». J’ai assisté un jour à une messe dominicale (je tairai pudiquement le lieu) où le temps des annonces était plus long que la prière eucharistique ! Il ne faut quand même pas exagérer …

Au Congo, et dans beaucoup de pays où les gens n’ont pas la culture de l’écriture ni de la lecture, l’église est le lieu où circulent toutes les informations, pas seulement celles qui concernent les activités paroissiales : inscription dans les écoles, fêtes diverses, communiqués des autorités politiques ou administratives, etc. On profite que les gens sont réunis pour faire passer les messages qui, en d’autres lieux, sont communiqués par voie d’affiche. On y dit aussi combien a rapporté la quête aux différentes messes, de manière très précise, incluant les offrandes en nature ! Et pour les messes très solennelles ou les funérailles, il peut y avoir encore des témoignages et des discours qui rallongent encore d’une bonne heure la célébration déjà bien longue (je parle d’expérience, hélas).

Vous serez mes témoins …

« Le Seigneur soit avec vous » nous redit le prêtre en étendant les bras. Cette formule à laquelle nous ne prêtons plus attention est pourtant essentielle : oui, le Seigneur est avec nous, comme il nous l’a promis. « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » disait Jésus (Mt 28,20), juste après avoir envoyé ses disciples en mission : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples ! » (Mt 28,19)

Donc Jésus, par la voix du prêtre, nous envoie à nouveau en mission. Et pour cela, il nous assure de sa bénédiction : « Que Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint Esprit ». Parfois, en particulier lors des solennités, la bénédiction est précédée de trois invocations sur le peuple, auxquelles celui-ci répond par un triple « Amen ». Certaines personnes ont tellement hâte de partir qu’elles n’attendent même pas la bénédiction, ou qu’elles ont déjà rassemblé leurs petites affaires pour se carapater plus vite (il peut arriver qu’on ait un train à prendre, mais peut-être pas toutes les semaines). Si Jésus était là, dans le chœur, pour nous bénir de sa main, seraient-elles aussi pressées ?

Puis le prêtre, ou le diacre s’il y en a, renvoie l’assemblée : « Allez dans la paix du Christ ». C’est bien d’un envoi en mission qu’il s’agit : nous avons offert le sacrifice de toute l’Église « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », à nous d’en être les témoins. Et nous répondons : « Nous rendons grâce à Dieu » ; nous rendons grâce pour le Pain de Vie qu’il nous a donné, mais aussi pour cet envoi, pour ce cadeau que Dieu nous fait d’être ses témoins privilégiés et missionnaires avec lui. Cet envoi est bref, et pourtant, c’est lui qui a donné son nom à la messe : Ite, missa est, Allez, c’est la mission !

La multitude que nous sommes

Le prêtre, enfin, baise l’autel en signe de respect et quitte le chœur ; en général, il se dirige vers le fond de l’église où il peut saluer les fidèles qui sortent. Dans nos villes (et nos campagnes) en manque de prêtres, où ceux-ci sont souvent surbookés, c’est un des rares moments où ils peuvent échanger quelques mots avec les paroissiens. Quand ils ne sont pas obligés de sauter dans leur voiture pour aller célébrer la messe dans un des 50 clochers qu’ils desservent … Ayons pitié de nos prêtres !

Ce temps de convivialité après la messe, nous devons le vivre comme un moment d’échange qui nous rapproche concrètement les uns des autres : « La multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (1 Co 10,17).

Quitter l’église après la messe, ce n’est pas refermer une parenthèse, mais prolonger dans la vie quotidienne l’expérience de rencontre avec le Christ que nous venons de vivre. La Parole que nous avons entendue, il nous faut la mettre en application, pour que l’Évangile ne reste pas lettre morte, mais devienne nourriture de vie.

Image © Elisée

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