Saint Nicolas : un avant-goût de Noël

Si vous passez par la Lorraine, avec ou sans sabots, vous serez sans doute surpris par le nombre élevé d’églises ou de chapelles portant le beau nom de Saint Nicolas. C’est que l’évêque barbu y est particulièrement honoré, notamment dans le diocèse de Metz dont il est le saint patron. Mais que sait-on au juste de lui ?

Un évêque turc

Pas grand-chose, en fait, comme pour beaucoup de saints des premiers siècles du christianisme. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que l’ancêtre du Père Noël était Turc ! Il est né vers 270 à Patara, en Anatolie (dans l’actuelle Turquie, donc), dans une riche famille chrétienne. Ordonné prêtre par son oncle, l’évêque de Myre, il lui succède à sa mort vers l’an 300. Lors de la persécution de Dioclétien, en 310, il est arrêté et torturé, mais il en réchappe grâce à l’arrivée au pouvoir de l’Empereur Constantin. Fervent adversaire de l’arianisme lors du Concile de Nicée en 325, il fait détruire le temple d’Artémis à Myre juste avant de mourir en 329, ou en 343, ou en 350, on ne sait pas exactement. On sait seulement que c’était un 6 décembre.

Voilà pour l’histoire. Le reste relève de la légende dorée, avec probablement des racines authentiques, mais fortement enjolivées, et garnies de merveilleux comme un sapin de ses guirlandes ! Par exemple, il est peu probable qu’il se soit dressé sur ses jambes pour recevoir le baptême alors qu’il n’était encore qu’un nourrisson ; ni qu’il ait refusé de téter aux jours de jeûne prescrits par l’Église. A-t-il réellement doté trois jeunes filles trop pauvres pour se marier ? Nul ne sait, mais c’est fort probable, puisqu’on sait qu’il a effectivement distribué sa fortune aux pauvres (est-ce pour cette raison qu’il est le patron des notaires ?). La plupart des hauts faits qui lui sont attribués sont post-mortem, notamment de nombreux sauvetages en mer, ainsi que la défense des innocents.

La légende des trois enfants

C’est sur ce dernier point qu’il restera célèbre, avec la légende assez gore des trois enfants, que tous les petits lorrains connaissent. Elle raconte que trois enfants, partis glaner aux champs, s’égarent au retour et frappent à une porte ; pas de chance, c’est celle du boucher, qui doit être en manque de viande puisqu’il tue les enfants, les découpe en morceaux et les met dans son saloir. Sept ans plus tard, le saint, venant à passer par là, s’arrête à son tour et demande à manger ; le boucher lui propose du jambon ou une tranche de veau, mais le saint est catégorique : « Je veux du petit salé, qui est depuis sept ans dans ton saloir ! » (il devait être bien salé !). Démasqué, le boucher s’enfuit et Nicolas ressuscite les trois enfants (et recolle les morceaux, sans doute, ce qui devrait en faire le saint patron des amateurs de puzzle …).

Depuis le XVIe siècle, tous les 6 décembre, saint Nicolas passe de maison en maison pour distribuer des friandises et des cadeaux aux enfants sages. Les enfants pas sages, eux, sont menacés du Père Fouettard, qui, d’après la légende, ne serait autre que le boucher anthropophage.

Le rêve américain

Au XIXe siècle, il a émigré aux États-Unis sous le nom de Santa Claus ; petit à petit, il a pris de l’embonpoint, laissé pousser sa barbe blanche, et troqué sa mitre d’évêque contre un bonnet à pompon. Ardent partisan de la société de consommation, il est revenu dans notre France déchristianisée où, plus connu sous le pseudonyme de Père Noël, il est devenu plus populaire que l’évêque de Myre. Et même en Lorraine où la tradition de saint Nicolas perdure, les pâtissiers et chocolatiers sont priés de gommer la croix de sa mitre sur les figurines qui le représentent, laïcisme oblige. Estimons-nous heureux : on n’a pas encore enlevé le mot « saint » de son nom !

 

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2 thoughts on “Saint Nicolas : un avant-goût de Noël”

    1. Au début du IVe siècle, le prêtre Arius soutient que Jésus, créé et temporel, ne peut pas être égal au Père, incréé et éternel. Pour reprendre les mots du Credo, il n’est pas « de même nature que le Père ». Pour lui, seul le Père est éternel, le Fils et l’Esprit sont créés et donc subordonnés au Père. La question fut débattue au Concile de Nicée, qui finalement conclut à la « consubstantialité » du Père et du Fils.

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